Comme un écho à La Voleuse de livres (de Marcus Zusak), Le Liseur (de Bernhard Schlink) nous rappelle l’importance des mots dans l’Histoire des hommes et dans l’histoire d’une vie. Le roman s’ouvre sur le quotidien d’un jeune lycéen et sur le moment précis qui modifia le déroulé de son existence. Comme bien souvent, une rencontre. Ici avec une femme bien plus âgée que lui. Elle vit seule, travaille dur tout en bas de l’échelle, et si elle lui ouvre les bras et la porte de son appartement, elle garde jalousement dissimulés ses pensées et ses secrets.
Pendant quelques temps chéris du narrateur, ce couple si mal assorti se fréquente, discute et vole des instants à la réalité de leurs situations respectives. Car que diraient ses parents à lui s’ils découvraient où il file après le lycée ? Que penserait-on d’elle en la voyant ainsi achever l’enfance de son si jeune amant ? Mais la relation bancale suit son cours et les livres s’y invitent comme un rituel. Jour après jour, il lui fait la lecture de grandes histoires qui la laissent subjuguées. Puis comme pour coller au romanesque de leur situation et des histoires qu’il lui lit, un jour, elle disparaît. Elle part et il ne saura pas où. La vie continue tout de même, le quotidien revient et le narrateur poursuit son chemin de son côté, peut-être sans se rendre compte à quel point cet amour de jeunesse, ce premier amour, cet amour caché et interdit a en fin de compte déplacé quelque chose dans la mécanique de sa vie. Un jour, quelques années plus tard, il saura finalement où elle était partie…
Pour résumer (dans une coquille de noix comme diraient les Anglais), l’histoire de deux vies, une histoire d’amour, et l’Histoire des hommes en toile de fond. De la banalité à l’horreur. Un beau roman à lire, et pourquoi pas à voir en film. L’adaptation date de 2009 et fut menée par Stephen Daldry, aussi le réalisateur de « Billy Elliot« . C’est en tout cas prometteur.