Mauvaise fille

Mauvaise fille, troisième magnifique roman de Justine Lévy. Premier que je lis d’elle, et assurément je vais lire les autres. Un roman largement autobiographique, presque un bout de vie romancé comme je l’ai découvert ensuite. L’auteure a l’habitude d’écrire à partir de sa vie, notamment à propos de sa mère (Le Rendez-vous) ou sur une difficile rupture amoureuse (Rien de grave). On en apprend la moitié dans ses livres, le reste en une des tabloïds, puisque Justine Lévy n’est autre que la fille du très célèbre Bernard Henri-Lévy, et que sa fameuse rupture de roman raconte en fait son divorce avec le philosophe Raphaël Enthoven, parti sans prévenir avec Carla Bruni. On ne sait si c’est le livre ou la presse people qui a fait couler le plus d’encre à ce sujet. Une fois le point commérages fait, reste le roman, et il est très beau.

Mauvaise fille, c’est autant une histoire de mère que de fille. Sa mère à elle, celle d’avant et celle qui disparaît lentement, la fille qu’elle est et qu’elle a été, la mère qu’elle devient peu à peu à son tour, sa fille sur le chemin de la vie… « Je pense à elle qui meurt à mesure que mon ventre grossit. » Un extrait qui résume bien le livre. Louise, la narratrice, entretient un rapport compliqué avec sa mère depuis l’enfance. Une mère qui ne ressemble pas à une mère, inadaptée, mais une mère belle, flamboyante et aventurière. Puis un jour on est adulte, et alors que Louise lutte avec ses propres démons, il y a la maladie qui arrive. Un dernier lien entre la mère et la fille, alors que l’une s’en va et que l’autre s’apprête à donner la vie à son tour. L’histoire d’une mère qui n’a jamais su faire, d’une fille névrosée qui essaye du mieux qu’elle peut mais pas toujours, d’une fille qui devient mère à mesure que la sienne disparaît. Un père et un mari qui gravitent autour de cette histoire de femmes et la difficile question de la maternité. Le livre s’ouvre d’ailleurs sur ces lignes :

«  Elle croit que je suis sa mère. Ça me fait peur, cette confiance qu’elle met en moi. […] il ne faut pas, c’est dangereux, c’est comme ça que je l’ai aimée moi aussi, j’ai cru comme toi que maman était ma maman, qu’il suffisait d’être mère pour être une maman »

Intéressant de lire un récit qui raconte le fait d’être mère ou de le devenir. Que chaque femme n’est pas forcément faite pour être une bonne mère, qu’on peut de ne pas savoir faire, ne pas le vouloir, aussi, ou même regretter, ça arrive. La vie est déjà parfois si difficile pour soi-même. Survivre à ses propres névroses et mener sa vie tant bien que mal, réussir son couple à tout prix, survivre au lien étrange avec ses parents qui fait parfois du mal. Et il faut ensuite inventer une nouvelle vie pour quelqu’un de tout neuf, même si la nôtre est bancale, et parfois on n’y arrive pas tellement bien…

Mais l’histoire de Louise ne s’arrête pas là. Après le livre paru en 2009, une adaptation au cinéma sort en 2012. Et devinez qui en est le réalisateur… Patrick Mille bien sûr ! Ça ne vous dit rien ? Réfléchissez bien… Parmi les personnages importants qui gravitent autour de Louise dans le livre on trouve donc la mère, le père et… le mari. C’est bien ça. Oui, oui. Patrick Mille n’est autre que l’époux de Justine Lévy et le père de ses enfants. Ça ne s’invente pas. On n’en avait pas fini avec les tabloïds finalement.

Le film, qui conserve le même titre que le livre, déroule la même histoire et garde la même structure. On trouve quelques modifications, des amis qui s’ajoutent ça et là, un père écrivain et Français qui se transforme en star du rock britannique, une corrida qui sort de nulle part… Mais puisque livre et film nous sont livrés par les deux protagonistes d’une même histoire, allez savoir laquelle se rapproche le plus de la réalité (pour le père écrivain ou rock star, on est tout de même à peu près sûrs…). Personnellement, je n’ai pas vraiment aimé ce film ni l’ambiance qui s’en dégage. Je n’aime pas Izïa Higelin en Louise, ni Arthur Dupont en Pablo, ni véritablement aucun des autres personnages. Je n’irais pas jusqu’à le détester ou le déconseiller, mais je ne suis pas convaincue, et puisque je l’ai été par le livre, je vais m’en tenir là. J’ai hâte de lire les autres romans de Justine Lévy, j’éviterai peut-être de regarder Going to Brazil (également réalisé par Patrick Mille), quant à BHL, peut-on réellement éviter de tomber sur sa fameuse chemise ouverte en une des magazines même en essayant très fort ?


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