Le bonheur de l’une et le malheur de tous

Une histoire contemporaine de l’amitié. Le Bonheurs des uns… raconte l’histoire de deux couples d’amis, et l’histoire d’un grain de sable. Ils se voient régulièrement pour discuter et échanger leurs impressions sur un quotidien banal, jusqu’au jour où Léa, la plus discrète, la plus douce, celle qu’ils prennent tous un peu de haut sans qu’elle ne dise jamais rien, leur révèle qu’elle écrit un roman. Et c’est le drame… Crise de confiance grandissante de son compagnon et crise de jalousie de sa meilleure amie.

C’est drôle, mais terrible. Tous essayent de la décourager et jouent les hypocrites. Léa, incarnée par la superbe et superbement habillée Bérénice Béjo, est au final le personnage le plus humble, le plus doux et le plus discret du film. Elle fait ce qui lui plaît, simplement pour le plaisir de le faire, et tous la découragent ou le lui reprochent, en prenant bien l’air de vouloir l’aider. Elle rencontre un succès inattendu et doit presque s’en excuser. Des amis qui au lieu de l’encourager, reconnaître son talent et la féliciter de son succès, cherchent à la décourager, la rabaisser, nuancer sa réussite, et surtout faire mieux qu’elle. Son compagnon (Vincent Cassel) voudrait qu’elle reste sa propriété, qu’elle continue de lui demander son avis sur tout, gentille et soumise. Sa meilleure amie, Karine (Florence Foresti), a besoin de briller toujours plus que les autres, et surtout plus qu’elle. Ils l’accusent de toutes leurs insécurités, dansant comme des démons avec leurs complexes et leurs déceptions, quand Léa reste au final le seul personnage à ne pas changer, à ne pas tricher. 

Ça donne lieu à un enchaînement de scènes cocasses, mais c’est triste. Daniel Cohen, le réalisateur, montre la difficulté d’être réellement heureux pour quelqu’un d’autre, sans rancoeur ni jalousie. Plus facile d’assumer ses doutes et ses insécurités quand tout autour de soi reste plat et immuable, et peut-être plus encore en couple qu’en amitié. On voit la relation de Léa se déliter peu à peu, son compagnon étant incapable de la considérer à sa juste valeur, comme une personne à part entière, et surtout incapable de supporter d’être autre chose qu’un référent absolu dans la vie de sa compagne. Mais étonnamment, Karine et son mari (François Damiens) forment à l’inverse un couple finalement solide. Ils font de mauvais amis pour Léa, surtout Karine, mais ils se soutiennent et s’encouragent mutuellement, même quand il n’y a franchement pas de quoi. Dans le grand n’importe quoi, leur relation reste finalement assez saine.

Une bonne comédie (dramatique ?), drôle sans être lourde, et un peu triste tout de même. A aller voir si vous avez prévu d’avoir du succès et que vous vous méfiez de la réaction de votre entourage. Je défie quiconque de rester aussi zen et gentil que Léa, qui se prend des méchancetés et des pelletés de mauvaise foi en permanence sans jamais rien répondre ni perdre le sourire… Impossible !


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