Il était une fois, Mary Poppins. Nurse anglaise descendue de son nuage pour s’occuper de Jane et Michael, les enfants de la famille Banks. Ils mènent la vie dure à toutes leurs nounous, qui se ruent dehors les unes après les autres. Jusqu’à l’arrivée en parapluie de Mary Poppins. D’elle on ne sait rien ou presque, simplement que tout est possible en sa présence, à commencer par le plus merveilleux. Elle peut voler (avec ou sans parapluie), possède un sac qui n’a pas de fond et ne se départit jamais de ses bonnes manières. Un soupçon de magie et de douceur pour Jane et Michael, qui va jusqu’à gagner leur intraitable père. A se demander d’ailleurs si ce n’est pas au fond pour lui que la fantastique nounou intervient. Entre les enfants qui passent leur temps à s’échapper et madame Banks qui manifeste joyeusement avec les Sufragettes, monsieur Banks est le seul personnage monotone de la maison, exception faite de la cuisinière peut-être. Mary Poppins arrive quand on a besoin d’elle et repart quand le vent tourne, après avoir réenchanté la vie de la famille qu’elle visite. Une super nanny aux méthodes légèrement moins conventionnelles (et plus douces).
Les origines
Mary Poppins, c’est d’abord le roman de l’australienne Pamela Lyndon Travers (publié en 1934), qui connu un beau succès dans différents pays. Mais c’est surtout son adaptation au cinéma par Robert Stevenson en 1964 qui popularise le personnage. Cette comédie musicale produite par Walt Disney est des plus étonnantes, puisqu’elle mélange film et dessin animé. Et il ne s’agit pas d’alterner : on voit dans un même plan les très réels Julie Andrews (Mary Poppins) et Dick Van Dyke (son ami Bert) se promener dans un dessin et discuter avec des pingouins eux aussi dessinés et animés. Très étonnant et très réussi ! De nombreux effets spéciaux font aussi voler Mary Poppins ou rangent la chambre d’un claquement de doigt particulièrement efficace. Un joli film au parfum d’enfance et de poésie. Et si Mary Poppins appartient à mon enfance, elle en a peuplé bien d’autres depuis 1934, et elle continue depuis. Car si le film de Stevenson semble aujourd’hui un peu vieux (mais néanmoins toujours très regardable), il y a eu de nombreuses adaptations au fil de temp et surtout une comédie musicale présentée par Walt Disney Theatrical Production pour Londres et Broadway, dans les années 2000. Mary Poppins, un symbole d’enfance et de rêve qui ne vieillit jamais.

Plus récemment encore sortait au cinéma Dans l’ombre de Mary, réalisé par John Lee Hancock (2013). Cette fois, c’est l’histoire de Pamela Travers qui est racontée, et comment elle fit vivre un véritable enfer à Walt Disney et son équipe de scénaristes quand ils tentèrent d’adapter son roman au cinéma. Cette drôle d’australienne devenue plus qu’anglaise débarque à Los Angeles vingt ans après les premières demandes (supplications ?) de Walt Disney pour racheter les droits du livre, et elle trouve à redire à tout (et bien sûr le fait savoir, pas toujours diplomatiquement). On découvre d’où vient Mary Poppins, et c’est bien sûr de son enfance en Australie, auprès d’un père qu’elle aimait tant. Mais les histoires vraies ne se passent pas toujours bien… Pendant l’écriture du scénario, Pamela Travers revisite les origines de son personnage et ne transige sur rien. Le titre anglais de ce film, Saving Mr Banks (Sauvons M. Banks) donne une autre teinte à l’histoire, et on comprend au fur et à mesure qu’il s’agit peut-être bien moins des enfants qu’on ne le pense. Joli et drôle, Pamela Travers mérite bien de voler la vedette à Mary Poppins le temps d’un film.
Le come-back
Avec toutes ces réussites, je m’attendais au moins à une déception avec Le Retour de Mary Poppins (sorti en 2018), mais finalement pas tant que ça… Bien des années plus tard, Jane et Michael ont vieilli grandi, et ce dernier a même eu trois enfants qui vivent avec lui dans la maison de l’allée des cerisiers. Là où il a lui-même grandi avec sa soeur, et là où Mary Poppins a sévi des années plus tôt. Ils vivent joyeusement, mais le décès son épouse l’année précédente et les menaces de la banque ternissent peu à peu l’humeur de Michael, et tout s’en ressent. Le vieux cerf-volant des enfants Banks reprend alors du service et Mary Poppins pointe le bout de son parapluie.

Je craignais le pire après avoir vu la bande annonce, mais étonnement, Le Retour de Mary n’est pas aussi mauvais que ce à quoi je m’attendais. Emily Blunt ne pourra certes jamais remplacer Julie Andrews, mais le film reste léger et joli, avec de nombreux clins d’oeil au film original et de nouvelles scènes loufoques dans lesquelles Mary Poppins entraîne les nouveaux enfants Banks. C’est un peu plus au goût du jour, avec une intrigue, un vrai méchant et un faux suspense, peut-être n’était-ce pas nécessaire… Mais peut-être aussi qu’un film ne marcherait plus aujourd’hui sans cela. Je ne sais pas, c’est un autre genre de film, mais pas une vraie déception par rapport au premier non plus. Je préfère tout de même l’ancien, peut-être aussi parce que le nouveau n’a pas habité mon enfance ?
Et voilà Mary Poppins repartie vers les nuages. Il nous reste ces livres, films et spectacles pour revivre un bout d’enfance en attendant, qui sait, qu’elle redescende peut-être un jour sur terre…